Les Collections
Collection Franck Sorbier Haute Couture Eté 2020 "Viva la Doña"
Enrique Alvarez Felix sera l’enfant unique de La Doña. Il deviendra, lui-même, acteur et ne cessera de collectionner photos et souvenirs de sa mère.
Augustin Lara, “l’homme à la voix d’or”, grand mythe de la chanson latino-americaine, est son deuxième époux. Il composera, en son honneur, en 1947, “Maria Bonita”, qui deviendra un autre de ses surnoms.
Jorge Negrete, gloire de la chanson et du cinéma mexicain, devient son troisième mari, en 1952. Ils s’étaient rencontrés dix ans auparavant, sur le tournage “Le Rocher des âmes perdues”, non sans heurt ! Car, entre temps, Maria Felix est tout simplement devenue actrice. Jorge Negrete, que l’on dit aussi laid que séduisant, a fait tapisser la chambre de leur rendez-vous de pétales de roses.
Elle épouse, après, Alex Berger, un financier français qui lui offrira ses chevaux de course, ses bijoux.
Elle a aussi vécu un amour passionné avec Suzanne Baulé, dite Frede, qui dirigeait alors “Le Carrolls”, un cabaret de la rue de Ponthieu. Leur idylle s’achèvera en procés.
Elle passera la fin de sa vie en compagnie du peintre Antoine Tzapoff, entre Paris et Mexico.
Elle sera la vedette de 47 films, elle tourne au Mexique, en Argentine mais aussi en France et en Italie. Elle aura pour partenaires européens : Jean Gabin dans “French Cancan” de Jean Renoir, Yves Montand dans “Les héros sont fatigués”, Gérard Philippe dans “La fièvre monte à El Pao” de Buñuel, Vittorio Gassman dans “La courrone noire” de Luis Saslavsky, sur une histoire de Jean Cocteau.
Les films mexicains dont elle est la vedette s’intitulent: “La Devora dora”, “La Mujer de todos”, “La Mujer sin alma”, “Doña diabla”, “La Bandida”, “La Belle Otero”, “La Pasión desnuda”.
Dans ses films, elle a toujours représenté les femmes fortes, fières, hautaines (Ha ! ce sourcil gauche !).
Lors d’une interview, elle déclare : “On admirait ma beauté et mon intelligence, je n’étais qu’une femme avec un coeur d’homme. Une guerrière.”
D’où un autre de ses surnoms : La Caballera.
Avec elle, la réalité et la fiction se confondent. Elle incarne la passion, l’érotisme, un magnétisme certain. Pour parfaire le mythe, La Doña s’est éteinte dans sa maison de Polanco, à Mexico, en plein soleil, le jour de son anniversaire. Elle avait 88 ans.
Avec cette histoire, il faut espérer le retour de ces femmes que l’on voit, sur lesquelles l’on se retourne, qui vous hypnotisent.
Avec elle, c’est aussi le retour de la fameuse expression “qui peut le plus, peut le moins”. On l’a vue porter des vêtements folk mais aussi de la Couture, toujours chapeautée et couverte de bijoux. Elle a créé sa propre mode avec une liberté totale et un naturel désarmant. N’est-ce pas cela l’élégance ?
J’aurais aimé qu’elle s’approprie certaines de nos créations avec sa propre imagination.
N’est-ce pas cela la Haute Couture ?
Les Sorbier
Maria de Los Angeles Felix Güereña
Plus connue sous le nom de Maria Felix, La Doña est l’une des figures centrales de l’âge d’or du cinéma mexicain.
Maria Felix est née à Alamos, dans l’état de Sonora, au Nord du Mexique, d’un Indien Yaqui et d’une descendante d’Espagnol. Son père est propriétaire d’un modeste ranch, d’où sont amour pour les chevaux. Petite fille, elle préfère grimper aux arbres et rivaliser avec les garçons, plutôt que d’apprendre la broderie et les prières.
A 16 ans, elle est élue Reine de Beauté de sa province et échappe à l’emprise parternelle en épousant Enrique Alvarez qui passe par là.
Elle le quittera, non sans qu’il lui ait fait le plus beau cadeau du monde.
© A. Voslion
Collection Franck Sorbier Haute Couture Hiver 2019-2020 "Figue Libre"
20 ans déjà.
En Juillet 1999, la première présentation Haute Couture en tant que Membre invité de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne a eu lieu dans la cour du Palais Galliera.
Depuis, il y en a eu des collections, classiques, engagées, voyageuses, musicales, naturalistes, oniriques, spirituelles, littéraires, historiques, iconoclastes ... toujours culturelles.
Frissonner et apprendre ont été, à chaque fois, nécessaires voire vitaux. Le décor, la mise en scène et la musique ont été, toutes ces années durant, l’essence de la Maison.
Depuis plusieurs saisons, la danse qui m’a toujours fasciné, s’est invitée afin de parachever le tableau vivant.
J’ai retrouvé, avec les danseuses classiques, l’esprit de famille que j’avais connu, à mes débuts, avec les mannequins des années 90. Ce sentiment qui colle à la peau de la Haute Couture et que l’on nomme l’esprit Maison.
Si j’ai pris, à l’époque, la décision de me lancer en Haute Couture, c’est aussi parce que j’avais mis au point la technique de la compression qui m’a permis de traverser toutes les périodes de ce cycle et qui m’a valu le titre de Maître d’Art en complément des techniques du macramé, de la lirette et de l’incrustation de dentelles à la main.
Il y en a eu des corps enveloppés par ces techniques sans couture.
Où ont commencé les robes ? Où se sont-elles terminées ? Même moi, je ne m’en rappelle plus.
Je voulais en étant accueilli au sein de cette noble institution y apporter ma pierre, la Haute Couture doit rester un mystère de construction. Je pense qu’il faut aussi soutenir sa dimension hors normes.
Finalement, la “ fast-fashion ” n’a pas grand chose à voir avec la “Lady”. C’est aussi une question de conviction.
La suprématie des “trust” et leur politique “tsunami” seront-elles les points de vue de demain ?
Il faut espérer que non. “Trop de trop, tue le trop !”
La fuite en avant est, plus que jamais, dans l’air du temps.
La Haute Couture ne compte pas ses heures, c’est l’école de la patience.
Si je vous parlais un peu de cette quarantième collection.
Il y a eu de nombreuses pistes mais ce que je voulais, par dessus tout, c’était retrouver la spontanéité des débuts et la conjuger à toutes ces années de recherches.
Une page blanche sur laquelle je pourrais exprimer l’essentiel.
Cette saison, je n’ai fait aucun dessin préparatoire, j’ai esquissé directement au mannequin les volumes et les pliages et les ai, ensuite, griffonnés avec dimensions des panneaux de tissus.
Après discussion entre quat’zyeux, nous avons opté pour le titre “Figure libre”.
Une nouvelle aventure débutait.
Une quête d’épure monacale faite de carrés et de rectangles frangés fil à fil.
Le double crêpe georgette de soie noire est plié, pincé et assemblé main par de petits noeuds chinois ou points boule.
Il y a quelque chose de divin dans cette simplification extrême.
Une nouvelle vision de la robe noire qui laisse toute sa place au mouvement et à la grâce. Ces robes de vestale contemporaine présentées, ici, en noir, seront proposées aux clientes dans une large gamme de couleur.
La compression, quant à elle, devient un accessoire et se décline en mobiles amovibles (morceau de jupe, plastron, col cache- coeur, collier de chien-corset, collier psychédélique, ceinture à volutes, brassard, collerette, chapeau). Elle se compose de tulles multicolores surpiqués de fils constrastés.
Le sac en compression est mis à l’honneur et peut vivre sa vie à part entière comme peuvent le faire les robes en double crêpe georgette de soie noire.
Avec cette collection, les changements d’humeurs et de lieux sont permis. En quelques minutes, les clientes peuvent passer du “vernissage galerie” au petit dîner ou bien au tapis rouge.
C’est aussi l’été en hiver. Rien n’est figé, tout est libre.
Frank Sorbier
Piqure de rappel
25 orang-outans continuent de mourir, chaque jour, à cause de la déforestation au profit de l’huile de palme.
Il faut absolument boycotter tous les produits alimentaires et autres contenant cette huile assassine.
Je ne reviendrai pas sur ma position au sujet de la fourrure. Elle n’a pas changé ...
Quant aux espèces en voie d’extinction, elles sont légion ...
Collection Franck Sorbier Haute Couture Été 2019 "Obi"
Tout un poème.
Ils ont pour nom : Maru obi, Fukuro obi, Nagoya obi, Hanhaba obi, Odoro obi ou bien encore Tenga obi.
Mais qu’est-ce donc ?
Une ceinture en tissu, tout simplement, servant à fermer le plus souvent les kimonos. C’est un simple rectangle étroit d’une trentaine de centimètres sur trois à quatre mètres de long.
J’en avais déjà utilisé un pour la collection “Les Amants Célestes”, ici-même, au Musée Guimet pour l’été 2016. Ce obi ancien était devenu un bustier de robe. Je dois dire que j’étais resté sur ma faim et depuis j’en avais trouvé deux autres et je les ressortais régulièrement des placards.
Pour l’été 2019, il est partout. Vous le verrez en jupe, en bustier, en robe, en veste, tantôt voilé d’organza, tantôt apparent ou redécoupé.
Ils sont tous uniques, anciens, leurs dessins sont à thèmes variés, les tissages sont du brocart, du broché, du damas ... des techniques en voie de disparition.
L’organza est soit noir soit miel clair.
Le noir pour raconter le mystère de cet archipel longtemps fermé au reste du monde, le miel clair pour parler d’un soleil levant dans la brume maritime.
Cette collection est aussi une rencontre de l’extrême Orient et de l’Occident, au XIXème siècle.
Cette nouvelle saison évoque les estampes japonaises gravées sur bois, les fameuses estampes de l’Ukiyo-e, terme signifiant “image du monde flottant”.
Ces estampes sont nées lors d’une ère de paix et de prospérité sous l’autorité de shogunat Tokugawa et avec l’émergence d’une bourgeoisie urbaine, elles s’attachent à décrire les plaisirs de la vie quotidienne.
Tous les passages portent le nom d’un Maître de l’estampe.
L’été 2019 sera théâtral comme une pantomime d’actualités à rebondissements.
Une fusion de culture patrimoniale extrême orientale et d’une mode occidentale en proie à la décadence. En témoignent l’évocation des samouraïs, des sumos d’une part et des “Lolitas kawaï d’Harajuku” de l’autre.
Un monde où chacun a sa place.
Frank Sorbier
Post Scriptum :
dans notre pays, le Conseil d’Etat traite mieux les fleurs, les fruits et les légumes que les animaux.
Voir la loi sur l’engluement qui est en train de détruire les oiseaux, les écureuils et surement bien d’autres espèces.
Il faut réagir, la lutte continue.